Bonne nouvelle pour ceux qui craignaient une longue liste de dates : Saint-Pétersbourg est une ville toute jeune, elle vient d'ailleurs tout juste d'avoir 300 ans (en 2003).

Elle a été fondée par le jeune empereur Pierre le Grand le 27 mai 1703, avec pour objectif de protéger les frontières du nord de la Russie de la Suède d'une part, et d'autre part de créer une "nouvelle Russie", plus européenne et moins moscovite. Après avoir soigneusement choisi un endroit marécageux dans le delta de la Néva, il a fit naître Saint-Pétersbourg sur l'île Zaiatchi en prononçant la phrase célèbre : "Qu’ici soit une ville". Et la ville fut, nouvelle capitale de la Russie, le premier bâtiment construit étant la forteresse Pierre et Paul.

Pour créer cette nouvelle capitale, il invita de nombreux architectes étrangers qui ont construit la ville dans des délais incroyablement courts. Pierre le Grand voyait Saint-Pétersbourg comme la "Venise du Nord", une ville parcourue de canaux, et c'est pour cette raison en particulier que toutes les rues de l'ile Vassilevski sont rectigniles et sont surnommées "les lignes". Malheureusement (ou heureusement d'ailleurs), son projet n'a pas abouti.

Après la mort de Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg a connu une longue série d'empereurs et d'impératrices qui ont fait croître la ville. Parmi les plus fameuses, Elisabeth I (1741-1761), la fille de Pierre Le Grand, est devenue célèbre par le nombre de ses robes (il paraît qu’elle en avait plus de 15.000 !) et comme instigatrice du baroque dit "élisabéthain" qui s’est installé à Saint-Pétérsbourg grâce à l’architecte italien Bartolomeo Rastrelli, à l'origine, entre autres, du Palais d’Hiver, le magnifique Hermitage.

La tsarine suivante, Catherine II la Grande (1762-1796), est devenue au cours de ses 30 années de règne l'impératrice russe la plus célèbre, bien qu'elle fut allemande et parla la langue russe toute sa vie avec un accent épouvantable. C'est avec elle qu'a débuté l’époque du classicisme et le Siècle des Lumières russe. Elle a fait venir à Saint-Pétersbourg de nombreux architectes italiens (Giacomo Quarenghi, Antonio Rinaldi) et français (Jean-Baptiste Vallin de la Mothe) qui ont construit de nouveaux palais, dans le style classique cette fois.

Les tsars se succédèrent ensuite, certains certes plus grands et mémorables que d'autres, mais chacun a contribué à agrandir et construire la ville. Saint-Pétersbourg rayonnait et s’embellissait. Tout a basculé au début du XXe siècle, sous le règne de Nicolas II quand Saint-Pétersbourg a été baptisée "berceau de la révolution", avant le grand tournant de 1917. Le canon du croiseur Aurore a donné le signal de l'assaut du Palais d'Hiver, avant l'exil du tsar et de la famille royale à Ekaterinbourg , et leur assassinat quelques mois plus tard. Les Soviets prennent alors le pouvoir, et changent le nom de Saint-Pétersbourg en Petrograd puis Leningrad. Et la ville perd à tout jamais (enfin, jusqu'à maintenant) le rôle de capitale de la Grande Russie. Désormais, elle doit se contenter du titre de Capitale Nordique et de deuxième ville de Russie, Moscou ayant repris ses droits d'ancienne capitale.

Le XXe siècle a été difficile pour la ville : répression de l’intelligentsia, des poètes, des écrivains, des peintres ; la deuxième guerre mondiale a eu des effets catastrophiques, après le tristement célèbre siège de Leningrad qui a duré 900 jours et causé la mort de 2 millions (!) de personnes. Cette longue période d'obscurantisme s'est poursuivie pendant les années de la Guerre Froide, avec en particulier le "blocage" culturel et artistique sous Brejnev.

En 1991, la lumière revient, Leningrad redevient Saint-Pétersbourg, et commence peu à peu sa résurrection. Elle est aujourd'hui redevenue la capitale culturelle de la Russie, faute d'être capitale économique ou politique. Mais à vrai dire, tout peut encore changer : après les années Eltsine placées sous le signe de Moscou (et du tennis), l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine pourrait faire pencher davantage la balance du côté de Saint-Pétersbourg (et du judo :-).

Le tricentenaire de Saint-Pétersbourg, fêté en grande pompe en 2003, a été l'occasion de restaurer les façades du centre ville et de retaper les autoroutes gouvernementales... sans, malheureusement, que les banlieues ou même l'intérieur des bâtiments du centre ville en bénéficient. Bref, une immense fête de façade qui s'est déroulée sous le slogan (officieux) "chers Saint-Pétersbourgeois, soyez gentils, ne nous empêchez pas de fêter le tricentenaire de votre ville". Si les projecteurs se sont braqués sur la ville, faisant revenir les touristes pour découvrir ses merveilles, ses habitants en ont effectivement peu profité.

Voilà, à vous de jouer, vous connaissez maintenant le minimum pour apprécier tout autant la délicatesse palais baroques que l'imposante architecture stalinienne !

Quelques lectures complémentaires tout de même, en complément de votre guide touristique :